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S4 HANA, entretien avec HELEN ARNOLD

Le DSI de l’innovation : du Cloud aux Business Networks

Entretien avec Helen Arnold, DSI de SAP, sur le “Digital CIO”

 

Q – Pour ce qui est des technologies d’entreprise, le cloud est encore dans toutes les conversations. On ne se demande plus s’il faut l’adopter, mais plutôt quand et comment. En tant que DSI de l’un des premiers éditeurs d’applications d’entreprise du monde, vous êtes particulièrement bien placée pour suivre cette évolution. Qu’en pensez-vous ?

 

De mon point de vue, ces discussions et ces débats autour du cloud ont surtout contribué à banaliser l’informatique et les questions technologiques. Jusqu’à peu considéré comme un complément ou une fonction auxiliaire, le cloud devient un élément clé de la stratégie de nombreuses entreprises. À juste titre.

 

Trois facteurs clés sont à l’origine de cette évolution.

 

Tout d’abord, l’agilité et la rapidité d’exécution. Elles jouent un rôle décisif, notamment dans la facilité de déploiement et de mise en service des solutions cloud.

 

La simplification vient ensuite. Avec le cloud, fini la complexité inhérente à la maintenance et aux mises à jour, ainsi qu’aux préoccupations qui en découlent. Les entreprises peuvent désormais se concentrer sur leur cœur de métier, laissant les fournisseurs possédant l’expertise requise dans ces domaines s’en occuper.

 

Enfin, et surtout, il est possible aujourd’hui d’innover à un rythme jamais encore envisagé.

 

Je prévois une adoption croissante de cette technologie dans les entreprises, ce qui améliorera la productivité et la communication en interne. Je table également sur le renforcement de la relation client et sur une meilleure expérience utilisateur avec, en parallèle, une amélioration des résultats de l’entreprise.

 

Ainsi, les responsables de directions fonctionnelles décident de plus en plus de leurs investissements technologiques en toute indépendance, avec ou sans l’implication du service informatique.

 

 

Q – Vous avez indiqué que les différentes directions fonctionnelles prennent désormais eux-mêmes les décisions d’achat. Selon les estimations, 50 à 70 % des nouvelles décisions en matière d’investissement informatique seront prises par ces unités d’exploitation. Selon vous, quelles en seront les conséquences sur le rôle du DSI ? Comment les DSI devront-ils s’adapter à cette évolution ?

 

Soyons clairs : le cloud est là pour longtemps, et il est appelé à s’étendre davantage. De plus en plus de logiciels seront orientés cloud. Dès lors, pourquoi les DSI résisteraient-ils ? Au contraire, ce sont eux qui doivent prendre les devants au sein de leur entreprise. C’est à eux qu’il revient d’élaborer la stratégie cloud en concertation avec les responsables des différentes directions fonctionnelles.

 

Quant à ceux qui décident eux-mêmes de leurs achats, imaginez ce qui se passerait s’ils agissaient chacun dans leur coin, sans s’assurer que ces technologies fonctionnent de manière cohérente. Cela aboutirait à un environnement entièrement cloisonné. Et si les systèmes ne pouvaient plus communiquer, c’est la dimension vitale de la collaboration qui disparaîtrait. Ce type de scénario pourrait se produire de plus en plus souvent.

 

À ce stade, je pense que les DSI ont définitivement un rôle stratégique à jouer. Ils doivent valider les nouveaux produits, s’assurer qu’ils sont conformes à la stratégie technologique globale de l’entreprise, ainsi qu’avec les autres services et les fonctions de support. Les DSI doivent ainsi bien connaître les rouages de l’entreprise, et plus précisément les différents éléments qui influent sur la dynamique qui l’entoure. Ce faisant, ils sont en mesure d’assurer l’intégration entre ces solutions et de faciliter la collaboration à tous les niveaux de l’entreprise.

 

La fonction du DSI est appelée à prendre une importance plus stratégique : celle d’un acteur majeur dans l’intégration des processus et solutions d’entreprise. Le « I » de DSI ne signifie pas seulement « information » ; à l’avenir, il fera également largement référence à l’intégration. Le DSI en charge de l’intégration réunira tous les aspects essentiels de l’activité. Dans une économie en réseau comme la nôtre, cette collaboration se prolongera hors des murs de l’entreprise. Elle englobera les partenaires, les fournisseurs, les agents extérieurs et même les clients. C’est ce que nous appelons la gestion des ressources en réseau.

 

 

Q – Quand vous parlez de « prolonger la collaboration hors des murs de l’entreprise », quels moyens envisagez-vous pour sa mise en œuvre ?

 

Aujourd’hui, dans tous les secteurs d’activité, chaque entreprise est amenée à bousculer le statu quo en permanence. Si elles ne le font pas, la concurrence le fera à leur place. Se pose alors la question suivante : comment les entreprises peuvent-elles innover à la demande ?

 

La vérité, c’est que personne ne peut agir seul tout le temps. L’opportunité à saisir réside dans le partenariat pour l’innovation, ou plus précisément, la co-innovation. La technologie, et plus particulièrement les réseaux d’entreprises, ont un rôle vital à jouer. Non seulement les entreprises peuvent tirer meilleur parti de leur propre écosystème, mais elles peuvent également identifier de nouveaux partenaires potentiels dans leur réseau, n’importe où dans le monde, et nouer des relations avec eux, collaborer et innover.  Par exemple, elles peuvent inciter leurs fournisseurs à proposer de nouveaux produits ou services, voire mobiliser leurs réseaux professionnels.  Ce faisant, elles profitent de l’expertise d’une communauté beaucoup plus étendue qu’auparavant.

 

Résultat pour l’entreprise : l’innovation gagne considérablement en rapidité et en qualité. Les délais de commercialisation sont plus courts, ce qui fait souvent toute la différence entre dominer le marché et se retrouver hors-jeu. L’autre grand avantage pour l’entreprise, lorsque le coût de l’innovation est prohibitif, réside dans le fait qu’elle peut partager le risque avec tout l’écosystème des partenaires impliqués.

 

Ce scénario n’est envisageable que si l’entreprise est intégrée en interne, avec des ressources totalement interconnectées et également connectées à un réseau d’entreprises. La garantie de partenariats réellement fructueux est alors indiscutable.

 

 

Q – Comment le réseau d’entreprises de SAP s’inscrit-il dans ce schéma ? Quels avantages offre-t-il ? Quel rôle peuvent y jouer les DSI ?

 

Le réseau d’entreprises de SAP, qui comprend Ariba, Fieldglass et Concur, est précisément au cœur de ce type de collaboration. Fort de plus de 1,7 million d’entreprises et de plus de 700 Md$ de transactions, c’est aujourd’hui le premier réseau d’entreprises du monde. Autrement dit, en faisant partie du réseau de SAP, ces entreprises peuvent rencontrer des partenaires innovants et s’engager immédiatement et conjointement dans l’innovation.

 

Le réseau SAP est unique car il s’appuie sur une plate-forme complète, accélérée par SAP HANA, qui gère l’intégralité du processus, de la source au règlement, de toutes les catégories d’investissements. Tout le processus est couvert, depuis l’identification du partenaire adéquat, la définition des règles de la relation, l’automatisation complète du processus transactionnel et sa facilité d’utilisation, et l’optimisation du flux de trésorerie, jusqu’à la visibilité, à tout moment, de tous les participants impliqués dans ce processus collaboratif.

 

Celui-ci couvre souvent plusieurs directions fonctionnelles d’une entreprise, des ventes et du marketing à la chaîne logistique, en passant par la recherche de fournisseurs, la gestion financière et les RH. Dans un livre blanc paru récemment, IDC souligne que les réseaux d’entreprises sont le moteur d’une nouvelle vague d’innovation. C’est précisément à ce niveau que, à mon sens, les DSI ont un rôle décisif à jouer en comprenant l’importance d’un réseau d’entreprises du point de vue de leur service. Le DSI doit échanger avec les différentes parties prenantes et piloter cette stratégie globale, en s’assurant que le réseau d’entreprises sert de plate-forme collaborative unique, répondant de manière globale et intégrée aux besoins de fonctions spécifiques.

 

 

Q – Vous avez évoqué la gestion des ressources en réseau. Est-ce encore un message d’accroche ? Ou bien s’agit-il plutôt du nouveau credo des DSI ?

 

Chez SAP, nous disposons d’un programme appelé « SAP au service de SAP », dont j’assume personnellement et passionnément la responsabilité. « SAP au service d’Ariba » est une initiative qui fait partie de ce programme. J’ai collaboré avec notre directeur des achats et notre directeur financier pour déployer Ariba Network comme plate-forme de collaboration à l’échelle du groupe. Par l’intermédiaire d’Ariba Network, nous sommes aujourd’hui en relation avec des fournisseurs toujours plus nombreux. Ariba Network nous permet de gérer une partie croissante de nos ressources ; il ne s’agit pas seulement de tous nos types de fournisseurs, mais également de nos ressources financières et humaines.  Le bénéfice réalisé est considérable, non seulement en termes de réduction des coûts, mais aussi en matière de visibilité et de contrôle pour les services des achats et de la gestion financière. Je considère le rôle de mon équipe comme particulièrement vital dans ce processus de gestion du changement. Cela vaut également pour les nombreuses autres initiatives que nous mettons en place avec les autres directions fonctionnelles.

 

La gestion des ressources en réseau est plus qu’un simple slogan. À mes yeux, c’est toute une philosophie et un prolongement de notre approche Run Simple. Les entreprises doivent pouvoir exploiter leurs ressources efficacement et simplement pour rester compétitives. J’encourage donc les autres DSI à voir les choses sous cet angle, à adopter cette philosophie et à évoluer avec elle.

 

Je suis fermement convaincue que, dans ce nouveau paradigme, la couche d’intégration sera primordiale pour réussir. Les DSI sont parfaitement armés pour appliquer ce scénario et ont tout intérêt à se positionner fermement dans ce but au sein de leur entreprise.

 

 

 

ENTRETIEN AVEC HELEN ARNOLD, MEMBRE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION INTERNATIONAL, SAP SE, DIRECTRICE INFORMATIQUE ET CHEF DU DÉPARTEMENT PRESTATIONS ET SERVICES CLOUD

 

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