Lundi Le 13 mars au soir se sont réunies une trentaine de femmes pour la 2eme édition du Digital Exchange run By WomEn dans la Tour SAP de Levallois. Une formidable opportunité pour ouvrir nos chakras au moment où la transformation digitale s’impose comme sujet de discussion dans de nombreuses entreprises, mais où curieusement, les femmes sont encore trop souvent tenues à l’écart des projets digitaux. Et si le succès de cette transformation réside avant tout sur l’engagement des directions générales, elle doit aussi reposer sur une participation équilibrée entre les hommes et les femmes de l’ensemble des directions Métiers de l’entreprise.
Le voyage a démarré par une visite de notre Centre d’innovation à travers laquelle Fred Puche et Philippe Geoffroy ont emmené ces femmes dans le magasin du futur et suivi d’une visite de notre usine du futur.
Nous avons ensuite poursuivi la soirée par une table ronde avec Emmanuelle Duez l’entrepreneuse passionnée fondatrice de WoMen’Up et de The Boson Project , Fabien Ben N’Sir et Julien Nicolas fondateurs de Louis Zero, animée par notre sketcher Alexia leibbrandt.
En introduction, nous leur avons présentés « Les Incontournables » traitant de l’omniprésence de l’Intelligence Artificielle qui questionne les politiciens, les économistes, les humanistes, les sociologues.
- Au niveau économique, à l’échelle mondiale: L’introduction de Snapchat en bourse le 1er mars avec une capitalisation boursière qui dépasse les 30 milliards de dollars, soit presque trois fois celle de Twitter, soit la même valorisation qu’ENGIE . Snapchat, 1ere entreprise à commercialiser avec succès la technologie de réalité augmentée, sujet sur lequel les GAFA investissent sans relâche. En somme, les entreprises qui savent exploiter les nouvelles technologies ont souvent une valorisation boursière qui dépasse l’entendement.
- Au niveau politique et sociologique à l’échelle européenne: L’intervention Le 19 janvier de Laurent Alexandre, chirurgien et urologue et fondateur de Doctissimo au Sénat. (>1M de vues sur les réseaux sociaux). Il a appelé les politiques français et européens à mettre en œuvre une politique volontariste en faveur d’un secteur de l’intelligence artificielle européen. Il explique pourquoi l’Europe pourrait perdre sa souveraineté numérique et devenir une “colonie numérique” des géants du web américain et asiatique. Ces technologies évoluent de manière exponentielle et leur arrivée massive implique un déclin radical du travail peu qualifié. Pourquoi, parce que l’IA va être gratuite. Et lorsqu’un bien est gratuit, ses substituts disparaissent et c’est la valeur du travail complémentaire qui augmente. Dans le futur toutes personnes qui ne seront pas complémentaires de l’IA seront soit au chômage soit au RSA. D’où l’urgence de rénover l’école et la formation professionnelle et de proposer une formation continue qui rendra les individus complémentaires à l’IA.
Voici le lien : Laurent Alexandre@Sénat
- A l’échelle de la France: Le 20 janvier à quatre mois de la fin du quinquennat, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique et de l’innovation et Thierry Mandon, son homologue ont lancé le projet « France IA » qui a pour objectif de mobiliser la communauté française de l’intelligence artificielle pour valoriser es capacités et établir une stratégie étatique pour l’intelligence artificielle.
A la table ronde, Emmanuelle, Fabien et Julien réagissaient sur le fil rouge de la génération Y et Z autour de 5 questions.
De quelle entreprise rêvent les milleniums ?
Les milléniums estiment que la méritocratie, la transparence, l’équilibre entre la vie pro et perso sont des acquis et sont dus par l’entreprise. C’est cette jeune génération qui souscrit à la même idée du travail ensemble. Aujourd’hui ils désertent la grande entreprise car la trouvent mal accueillante, vide de sens et se réfugient dans l’écosystème des startups. La situation n’y est pas forcément mieux mais ils tentent l’aventure car ils ont moins de charges financières que les middle age. Les jeunes sont en quête d’une entreprise plus matriarcale, une entreprise apprenante, basée sur la bienveillance et la transparence. Aujourd’hui l’entreprise est dure et cruelle, ce sont leurs mots.
Quelle est votre définition de la révolution digitale en tant que millenium ?
L’un des acteurs de la table ronde initie en posant une question : « Existe-t-il réellement une transformation digitale ou s’agit-il d’une transformation des usages ? ». Il semble y avoir autant de définitions que de patrons qui le vivent le sujet. Le philosophe et académicien Michel Serres explique pourquoi le nouvel espace digital qui a remplacé l’espace métrique est une révolution pour les esprits et les institutions. Révolution digitale est plus anthologique car en tant qu’être humain on change notre rapport au temps et à l’espace.
Les organisations que vous accompagnez sont-elles prêtes pour cette mutation digitale ? Quand mesurez-vous que les dirigeants sont prêts ?
La prise de conscience du patronat français est très avancée sur le sujet mais la majorité des entreprises dans leur structures ont du mal à suivre. Le pouvoir s’est inverse, les consommateurs ont la capacité des lancer des rumeurs où l’entreprise n’a plus d’autre recourt que la communication de crise. Elles sont percutées par les « digital natives », cette nouvelle génération « qui sait plein de choses qu’on ne sait pas » et qui génèrent de la peur auprès des quadra middle managers.
La jeune génération a peu à perdre. C’est une génération mercenaire qui a intégré la précarité car elle la subit depuis le début. Au contraire le management intermédiaire se sent la génération sacrifiée sur l’hôtel de la transformation des organisations. Il s’agit d’une population fragile mais la plus décisive car c’est une courroie de transmission sur ces enjeux de transfo digitale. Elle doit être la cible des RH. Leur peur entraine le statut quo.
Certaines entreprises se cachent souvent encore derrière des activités sans suivi, des actions buzz du type Hackathon. Des actions qui fédèrent sur le moment mais qui au final génèrent d’énormes frustrations auprès des jeunes. Il faut que les entreprises réapprennent pourquoi elles sont là et réapprennent à travailler dans l’impulsion plutôt que de subir, inventer la nouveauté en privilégiant les échanges entre jeunes et dirigeants.
Peut on disrupter classiquement une entreprise? Quid de l’ADN de ses dirigeants ?
Louis Zero et The Boson project suivent deux approches différentes.
Une méthode disruptive pour Louis Zéro. Ils agissent en amont pour provoquer le déclic chez les dirigeants et les percuter. L’idée est d’insuffler une nouvelle culture interne propice à l’innovation en réinventant la formation de l’innovation au management en puisant dans les univers du divertissement pour créer une expérience d’apprentissage inédite. « Shake my firm…48H pour apprendre à ne pas disparaitre ». Une expérience de formation basée sur des électrochocs scénarisés, inspirés par les codes du cinéma où l’on sort les patrons de leur zone de confort, basé sur les codes du théâtre et le jeu de rôle. Car « la question est de savoir qui sera le prochain petit con en sweat à capuche à venir défoncer mon modèle économique ! ». Cette expression qui traduit le peur du patron
Le Boson project quant à lui intervient en aval de la chaine de valeur. La transformation, c’est avant tout en histoire d’homme conduit pour les hommes par les hommes. Méthode basée la psychologie, l’anthropologie, la sociologie avec un brin de philosophie pour répondre à la question du sens et du rôle de l’entreprise dans la société. Il n’y a pas 50 façons de hacker l’humain et ils y vont sur des missions entre 3 et 18 mois. Des missions d’empowerment des collaborateurs qui deviennent eux même les ambassadeurs des messages sur le long terme, des messages portés en bottom up par le corps social. Ils ouvrent la boite de pandore, recréent un pacte social entre les dirigeants et les collaborateurs, un exercice de transparence rock’roll.
Leur slogan : « Low profile, big impact ! ». Mêlé approche par le genre et l’approche générationnel
La place des femmes dans l’entreprise, pensez-vous qu’elle aura évolué avec la génération Y ?
L’OCDE annonce 170 ans avant qu’on arrive un équilibre entre homme femme en entreprise. Les chiffres reculent dans la Tech avec -15% de femmes dans l’entreprenariat au féminin. La seule recette est l’éducation, dans les 7 première années, pour ne pas cliver les hommes et les femmes.
Femmes et jeunes même combat quand il s’agit de mixité et de valeurs dans l’entreprise. Cette génération peut faire levier pour faire évoluer les sujets féminins car elle partage les mêmes exigences. Dans le contexte de guerre des talents où l’enjeux est l’attraction et la rétention des jeunes sortis des grandes écoles, on a bon espoir qu’elle sache imposer à l’entreprise ses valeurs et ses attentes.
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