Pour le spécialiste des capteurs et des solutions d’automatismes industriels, l’automatisation vers l’Industrie 4.0 passe par la collaboration entre fournisseurs afin d’assurer la continuité numérique. Explications avec Laurent Carlion, son directeur marketing et technique.
En quoi un spécialiste comme ifm a-t-il besoin d’un écosystème avec des acteurs comme SAP ?
Aujourd’hui, les acteurs du monde industriel nous demandent de leur développer une solution communicante de A à Z c’est-à-dire du capteur ou l’actionneur jusqu’à leur ERP. Nous utilisons les standards de communication existants, qui sont d’ailleurs utilisés par la grande majorité des spécialistes de l’industrie. Nous en avons d’ailleurs fait la démonstration, en simulant une chaine de production digitale complète via l’interconnexion des solutions du Collectif pour la Continuité Numérique (Festo, IFM Electronic, Phoenix Contact, Sew-Usocome, Sick et SAP) lors du salon Smart Industries en décembre 2016.
Dans cette numérisation de la chaine de production, pourquoi les technologies de production et informatiques doivent-elles collaborer ?
Du capteur aux Plateformes Digitales intégrées à l’ERP, il s’agit d’introduire un maximum d’automatisation intelligente. Si cela est réalisé de plus en plus fréquemment sur la partie OT (Operation Technologies, ou technologies assurant le bon fonctionnement des machines de production), il en va différemment pour l’informatique (IT) qui dépend d’une équipe distincte chez nos clients. Pourtant, la synergie entre ces deux systèmes, ou convergence IT/OT devient indispensable.
La chaîne d’automatisation nécessite de plus en plus d’informations provenant de multiples sources : capteurs, machines, progiciels… Il s’agit de remonter toutes ces données, mais aussi de les analyser et de déclencher des décisions ou des actions. Des dispositifs qui impactent aussi bien la maintenance que les ordres de fabrication, les interventions de personnel, etc.
Aujourd’hui, la plupart des ordres en usine sont rédigés ou imprimés sur papier, déposés dans des corbeilles, transportés, signés plusieurs fois… Toutes ces informations sont donc disponibles et peuvent être en grande partie numérisées pour favoriser l’automatisation.
Les capteurs y contribuent, et peuvent désormais être intelligents (smart). Ils contiennent des traitements qui peuvent être paramétrés afin d’agir différemment selon les informations reçues. Autre caractéristique facilitant l’interopérabilité, l’utilisation d’IO Link, le standard de communication industrielle permettant de raccorder des capteurs et actionneurs intelligents
Que vous apporte précisément SAP ?
SAP comme ifm parlent régulièrement d’automatisation à leurs clients. Dans l’usine, les progiciels MES (Manufacturing Execution System, logiciel gérant les ateliers et la production) et les processus de gestion doivent aussi être automatisés. Or, c’est justement le terrain de SAP.
D’où l’intérêt majeur, toujours et encore, de la standardisation. Ainsi, il devient possible de régler de façon globale et centralisée les capteurs et l’automatisation, de récupérer les remontées d’informations et de les diriger vers l’ERP. Pour cela , nous avons développé un outil de collecte souple et facilement paramétrable, le LineRecorder Agent. Celui-ci peut être embarqué dans des électroniques de contrôle, ce qui offre de nombreuses possibilités d’échanges et facilite les intégrations.
Avec SAP, nous avons appris à travailler ensemble, dans le concret, et au-delà des beaux discours. Nous œuvrons actuellement pour définir une approche client commune, afin de combiner au mieux nos savoir-faire respectifs. Par exemple, ifm discute régulièrement avec les Directeurs des Bureaux d’Etudes Process et Maintenance et SAP entretient une relation de proximité avec les directeurs industriels, financiers et les CDO. Des synergies ne peuvent donc que profiter à tous, avec une possibilité d’intervention plus qualifiée et plus en amont. En effet, les clients préfèrent que les prestataires auxquels ils font appel sachent travailler ensemble, en bonne intelligence et pour un bénéfice commun.