Entretien avec Arnaud Barbat, directeur Industrie 4.0 pour l’Europe, et Frédéric Berne, directeur Industrie 4.0 pour la France et l’IoT pour l’Europe
Capgemini s’associe à la naissance du SAP Leonardo Paris Center. Un centre d’innovation qui, pour l’intégrateur, doit faciliter l’exploration des cas d’usage pertinents pour les industriels. En particulier dans l’IoT.

Capgemini est partenaire du SAP Leonardo Paris Center, qui vient d’ouvrir ses portes. Dans quel contexte s’inscrit ce partenariat ?
Arnaud Barbat : Capgemini et SAP collaborent depuis plus de deux ans sur le sujet de l’Industrie 4.0 pour les industries de fabrication discrète. Nous avons réfléchi, développé et innové ensemble sur un certain de nombre de thématiques qui prennent aujourd’hui leur pleine mesure au sein du SAP Leonardo Center : la maintenance préventive, la traçabilité et l’intelligence autour de la production industrielle.
Frédéric Berne : Tout est parti d’une belle histoire avec un équipementier automobile, pour lequel nous avons identifié 400 scénarios touchant à l’Industrie 4.0 dans la production et la logistique. Un projet qui, côté Capgemini, a mobilisé toutes les compétences du groupe : de Sogeti à notre branche conseil, en passant par Sogeti High Tech ou Capgemini Technology Services. Quand SAP nous a demandé de nous associer au réseau de ses Leonardo Centers, plusieurs éléments sont immédiatement entrés en résonance chez nos dirigeants, tant au niveau global que local. D’abord, la démarche très collaborative qui prévaut dans cette structure nous paraît essentielle. Ensuite, nous pensons que la transformation digitale est encore devant nous dans l’industrie.
Concrètement, quelle forme prend ce partenariat ?
A.B. : D’abord, il va se traduire, de la part de Capgemini, par la mise à disposition de moyens humains. Soit un investissement relativement important. Car Capgemini va s’engager aux côtés de SAP non seulement pour le Leonardo Center de Paris, mais aussi pour celui de Bangalore, qui doit voir le jour dans les prochains mois. Nous avons aussi l’ambition de connecter ces structures à nos Applied Innovation Exchange, les centres d’innovation du groupe. Enfin, le rapprochement de nos deux sociétés au sein des SAP Leonardo Centers doit nous amener à aborder le marché de façon conjointe.
F.B. : L’ambition consiste à mettre sur pied des projets pilotes avec des clients, et de démontrer la valeur métier de ces initiatives rapidement, en 8 à 14 semaines, en nous appuyant sur des scénarios développés précédemment. A Paris, nous avons déjà commencé à travailler avec un premier client et un second doit démarrer sa phase de prototypage en septembre. Au travers du SAP Leonardo Center, les clients vont pouvoir toucher du doigt de nouveaux scénarios métiers. Par exemple, en collectant les taux de défaut sur des pièces et un ensemble de données de production, nous pourrons déterminer des causes d’augmentation de ces taux jusqu’alors inconnues.
Pourquoi Capgemini a-t-il décidé d’investir dans l’offre SAP Leonardo, le socle technologique du centre d’innovation ?
A.B. : SAP Leonardo couvre 8 thématiques touchant à l’innovation, dont l’IA, le Big Data, la Blockchain ou l’IoT. Concernant cette dernière thématique, on sait aujourd’hui que les objets connectés vont générer un nombre incalculable de données et, demain, se parleront probablement directement entre eux. Mais, le point le plus important consiste à trouver la valeur métier réelle de ces scénarios technologiques. C’est pourquoi il nous paraît important de déplacer très vite le débat vers les cas d’usage. Pour ce faire, s’associer avec un éditeur comme SAP permet de réfléchir ensemble à l’évolution des technologies. Mais aussi de créer une force de frappe pour traiter ces sujets innovants, qui seront au coeur des réflexions des entreprises demain. Une initiative telle celle des SAP Leonardo Centers rassemble en effet l’éditeur, des intégrateurs mais aussi des start-ups. Nous sommes très heureux de participer à une forme de ‘watsonisation’ de SAP…
Ces nouvelles technologies répondent-elles à une réelle attente des entreprises ?
F.B. : Elles répondent plus exactement à des évolutions en profondeur du modèle économique des entreprises. Avec de nouvelles notions comme celle de produit 360°, qui consiste à prendre en compte toutes les dimensions d’un produit, de la R&D à son usage chez le client final. La place de ce dernier dans les processus industriels pose aussi question. Les innovations de rupture du moment nous amènent à travailler sur des scénarios transverses, ce à quoi les entreprises sont peu habituées. Jusqu’à récemment, elles se sont plutôt concentrées sur la gestion de leurs coûts de revient ou sur l’optimisation de leurs dépenses. Elles doivent aujourd’hui se reposer la question centrale : celle de la valeur de leurs produits ou services pour le client final. Une interrogation qui bouscule le cloisonnement actuel entre les différents silos organisationnels présents dans la quasi-totalité des entreprises.