Darren Roos, président SAP S/4HANA Public Cloud et dirigeant de la jeune division SAP S/4HANA Public Cloud explique les enjeux de l’ERP Cloud de nouvelle génération et la stratégie cloud.
La toute jeune division que vous dirigez a-t-elle pour but de proposer des services autour de HANA cloud ?
L’activité HANA Cloud a commencé en 2015. L’adoption des ERP sur le Cloud par le marché a alors démarré, avec des services en ligne plus compétitifs que les solutions traditionnelles, et surtout conçus pour éviter les silos. Il s’agissait de faire différemment, en favorisant la mise en place d’une activité gérée de bout en bout.
La division dédiée à SAP S/4HANA Cloud bénéficie d’une équipe dédiée, incluant le développement, les services, le marketing, les ventes, l’implémentation… l’objectif consiste aussi à augmenter les compétences du réseau de partenaires, tout en investissant sur les services d’intégration. En attendant que nos partenaires soient formés, nos équipes ont pris (et prennent parfois encore) en charge l’intégration de la solution. Toutefois, l’objectif vise clairement à transférer 100 % des services aux partenaires.
Cela signifie-t-il que vous encouragez les entreprises à migrer sur le Cloud ?
Contrairement à une idée reçue, et parfois exprimée par certains analystes, nous ne cherchons pas à convaincre nos 30 000 clients de solutions sur site à migrer vers le cloud. SAP les accompagne vers cette solution uniquement si cela leur convient. Il s’agit de proposer à chaque client la meilleure technologie par rapport à ses besoins, en prenant en compte les performances, l’agilité, etc.
L’évolution pastel par le Cloud hybride ?
Nos clients réalisent ou envisagent effectivement des transitions vers un mode hybride. Non seulement tout n’est pas 100 % Cloud, mais en outre tout n’est pas 100 % SAP non plus. D’où la nécessité de définir des transitions selon les applications concernées : gestion des ressources humaines, CRM, ERP…
Il semble difficile de migrer en 6 mois une solution qui fonctionne depuis 10 ans, avec tout un historique d’optimisation, de développement et autres. En amont, il s’agit de détecter où circule le plus de volume, comment sont réalisées les transactions, et de définir si le cloud peut répondre à certaines priorités.
Aujourd’hui, le scénario le plus envisagé consiste à installer un socle ERP sur site avec SAP ECC, et de déployer SAP S/4HANA Cloud dans les filiales ou dans les pays pas encore équipés.
Quelle pertinence peut présenter la solution SAP S/4HANA Cloud comparée à SAP Business One ou SAP By Design ?
Par exemple, si l’une de ces solutions, installée dans une filiale, présente des inconvénients dus à son évolutivité limitée, l’entreprise choisira SAP S4/HANA Cloud. D’autant plus si le siège est équipé avec SAP ECC, le code et le modèle de données étant identiques à la solution cloud, la migration sera réalisée à moindre effort.
Diriez-vous que SAP est une entreprise avec une stratégie “Cloud First” ?
Je dirais plutôt que SAP est avant tout une entreprise “Customer First”, puis “Cloud First”. Certes, beaucoup de clients souhaitent aller vers le cloud en priorité, mais un grand nombre d’entre eux ne souhaitent pas y aller pour l’ERP.
Quand Hasso Plattner a conçu S/4 HANA, il ne voyait aucune raison de conserver une solution sur site dans le futur. En effet, il est beaucoup plus efficace et plus confortable, pour eux et pour nous, de supporter les clients sur le Cloud. Toutefois, il nous faut maintenir en parallèle le support des solutions sur site. Et nous devons être prêts à accompagner toute entreprise qui le souhaite à migrer vers le cloud. C’est pourquoi nous avons même mis en place des programmes de migration, en fonction de rythmes et d’approches différents.
Comment une entreprise cotée peut-elle investir fortement sur un segment moins rentable sur le court terme ?
Une partie des actionnaires veulent absolument toucher des dividendes. Or, l’évaluation de SAP est également influencée par son évolution Cloud. Ce qui présente effectivement un double challenge. Cependant, le marché devient mature et nous constatons que la demande pour les solutions Cloud se précise, avec deux cas de plus en plus répandus.
Première situation : le siège a installé SAP sur site, et déploie notre solution Cloud pour ses filiales. Seconde situation : l’entreprise souhaite installer un nouvel ERP ou remplacer celui qu’elle utilise déjà sur site (JD Edwards, PeopleSoft, etc.).
Qu’en est-il des employés de votre division, et des compétences nécessaires ?
Les compétences nécessaires évoluent. Ainsi, nous avons besoin aujourd’hui, en plus des compétences Cloud, de savoir-faire en Intelligence Artificielle et en Machine Learning.
Par ailleurs, la société change également. Avant, l’évolution des systèmes réclamait un effort humain conséquent. Aujourd’hui, il s’agit de gérer le changement, car l’implémentation des solutions devient plus rapide, plus flexible, et apporte plus de valeur ajoutée avec un effort moindre. Encore faut-il que l’organisation soit préparée pour cette utilisation.
Si l’on considère le phénomène CRM, on constate qu’il existait un grand écosystème avant l’apparition de Salesforce, et qu’il est encore plus important aujourd’hui. Le marché croît forcément quand les entreprises investissent sur des fonctions supplémentaires et à réelle valeur ajoutée.
Grâce au Machine Learning et à l’Intelligence Artificielle, les applications intègrent un niveau d’intelligence supérieur, pour un coût et un effort bien moindre qu’auparavant. Une équation favorisée par une automatisation intelligente des fonctions et donc des processus.
En quoi les applications Cloud sont-elles si différentes ?
La nouvelle génération d’applications utilise fortement les écrans tactiles, et s’attache à simplifier au maximum l’ergonomie. L’objectif consiste à installer une application dans le datacenter ou sur le Cloud, et à juste l’utiliser le plus simplement possible. Ce qui représente une révolution autant pour les clients que pour les employés.
Par exemple, dans les fonctions d’inventaire, le responsable de l’entreprise comme le client peuvent savoir tout ce qui se passe de bout en bout et en temps réel. Pour les employés, ils ont la visibilité sur toute leur carrière, les opportunités, la formation… Et cela en toute interactivité.
Toutefois, le Back-end (datacenter) pose souvent des problèmes pour que cela fonctionne correctement. C’est pourquoi l’entreprise se doit de rendre son infrastructure flexible et agile.
Comment percevez-vous le marché français face à ses enjeux ?
Le marché français est mature pour les migrations vers le cloud. Et le cloud est là pour améliorer les processus métiers et les nouveaux processus. Il s’agit de créer un nouveau business model, rarement compatible avec les vieux systèmes.
En effet, certaines applications peuvent donner l’impression d’être agiles parce qu’elles disposent d’un front-end de nouvelle génération. Cependant, le back-end n’est souvent pas agile. Si l’entreprise dispose d’un CRM en mode Cloud, il n’est parfois pas connecté à l’ERP, lui-même peu flexible et peu évolutif. Dans ces conditions comment la rupture est-elle possible ?
La stratégie de SAP consiste justement à se demander comment nos équipes peuvent aider nos clients à aller vers ces nouveaux business-models. Car notre avenir repose clairement sur l’accompagnement et la satisfaction de nos clients.
Le plus souvent, le problème du client ne consiste pas à résoudre un problème de données ou d’applications, mais plutôt à modifier son business-model. C’est pourquoi il a besoin de plus d’agilité lui permettant de gérer aussi les impacts sur ses activités.
SAP se positionne donc comme “Business Enabler” favorisant la transformation digitale de ses clients, grâce à une plate-forme de nouvelle génération intégrant l’Intelligence Artificielle, le Machine Learning, l’analytique, le cloud…