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piece detachee en fabrication 3D

S’appuyer sur les données de SAP pour accélérer dans l’impression 3D

Regards croisés : Félix Wouts, président-fondateur de 3D4Pro, et Mohamed Ouelhadj, directeur du département Conseil & Technologies chez Deloitte

L’alliance entre SAP, Deloitte et la start-up 3D4Pro donne naissance à une application permettant d’identifier les pièces les plus susceptibles de bénéficier de l’impression 3D. L’enjeu est colossal pour les industriels, en particulier pour ceux entretenant des stocks à faible taux de rotation.

La genèse du projet

Félix Wouts : « Après une expérience chez Alstom, où j’avais déjà croisé Mohamed sur un projet SAP touchant à la chaîne logistique, j’ai démarré l’aventure 3D4Pro, une start-up dont la vocation est d’accélérer la transformation digitale de la supply chain industrielle. Pour développer nos applications comme la réalisation de maquettes numériques à la demande pour la fabrication additive, nous avions besoin d’une technologie robuste et de l’expertise métier (conseil). D’où ce partenariat initié fin 2016 avec SAP et Deloitte sur le développement d’une application métier permettant à un industriel de sélectionner les pièces les plus susceptibles d’être imprimées en 3D. »

Mohamed Ouelhadj : « L’objectif est d’aider nos clients à effectuer leur transition vers l’Industrie 4.0. Un des sujets de cette transition réside précisément dans l’impression 3D. Et pas simplement pour effectuer du prototypage ! Reste que les industriels cherchent encore par quel bout prendre ce sujet. D’où l’idée de ce prototype. »

 

Des bénéfices concrets

Mohamed Ouelhadj : « L’application a été développée sur SAP Cloud Platform, et s’appuie sur un arbre de décision mis au point par 3D4Pro, Deloitte amenant expertise technique et conseil métier. Elle s’adresse avant tout à la base installée SAP, pour laquelle on sait fournir des conclusions rapides. L’application, dont le développement est aujourd’hui finalisé, permet de scanner rapidement la base articles de l’industriel concerné afin d’identifier les scénarios dont le potentiel économique est le plus intéressant. »

Félix Wouts : « En six mois, en associant les compétences de nos trois sociétés, nous avons développé un prototype. Aujourd’hui nous sommes en phase de test chez des industriels comme SFERIS. Cette filiale de la SNCF entretient les voies de ses clients propriétaires de réseaux ferrés. Cette société a testé notre application pour le remplacement de pièces difficiles à se procurer sur des engins qu’elle exploite – ce qui génère de longues indisponibilités de ces derniers – et pour produire des pièces à façon sur des installations anciennes que la société maintient. En travaillant sur leurs données, on s’est aperçu que les gains sont significatifs et vont jusqu’à 50 % du coût. La réduction des délais est encore plus spectaculaire : dans certains cas, on passe de temps d’attente atteignant 12 mois à 3 semaines. »

M.O. : « L’idée de l’application que nous avons développée est de s’intégrer dans une chaîne complète. Après identification des pièces les plus susceptibles de passer à l’impression 3D, il est possible de les modéliser dans 3D4Pro si les plans n’existent pas, mais aussi de commander directement leur impression en 3D ! La plate-forme SAP fait en effet le lien avec des prestataires spécialisés dans l’impression à la demande. »

 

Un partenariat efficace

Félix Wouts : « En mobilisant 2 ressources chez 3D4Pro, et environ autant chez Deloitte, nous sommes parvenus à mettre sur pied une application qui est un vrai point d’entrée commercial pour notre start-up. Tout en offrant des perspectives à Deloitte en matière de conseil et en enrichissant la plate-forme SAP. C’est une démarche intéressante, car si la France est déjà une ‘start-up nation’, faire le lien entre ces jeunes pousses et le monde industriel n’est pas forcément évident. »

 

Des enjeux majeurs

Mohamed Ouelhadj : « La chaîne applicative que nous avons mise en place cible en premier lieu tous les stocks dormants dans l’industrie, particulièrement ceux ayant un faible taux de rotation. Leur optimisation constitue, pour les entreprises concernées, une façon de libérer du cash immédiatement tout en remodelant leur chaîne logistique. On parle là de problèmes majeurs pour les industriels, contraints de jongler avec une logistique mondiale et des stocks de pièces qu’il faut conserver parfois 20 ou 25 ans. Le deuxième cas d’usage concerne tout ce que les entreprises fabriquent à façon, comme l’outillage ou les gabarits. »

Félix Wouts : « Et on ne parle plus ici de scénarios de science-fiction ! A titre d’exemple, Michelin indique désormais qu’il va imprimer un million de pièces en métal par an, ce qui au passage implique un changement drastique du métier des opérateurs chez cet industriel. Avant, les entreprises massifiaient leurs achats et avaient recours aux délocalisations dans les pays à bas coût – avec les problèmes logistiques qui en découlent -, l’impression à la demande leur permet aujourd’hui de rapatrier au plus près des chaînes de fabrication la production de certaines pièces. C’est un changement fondamental dans le mode d’organisation des industriels auquel nous sommes en train d’assister. »