Ex-président du directoire de SAP, Henning Kagermann voit la nouvelle vague de digitalisation de l’économie comme le socle de la 4ème révolution industrielle. Une révolution qui fait de la personnalisation des produits et services son objectif premier.
« Nous sommes en train d’assister à une seconde vague de numérisation de l’économie, après celle qui a vu le jour voici près de 50 ans. Si la première vague apparaît comme le déclencheur de la 3ème révolution industrielle, poussant la standardisation et l’automatisation des processus des entreprises, la seconde vague de digitalisation est le vecteur de la 4ème révolution industrielle, qui se concentre sur la personnalisation des produits et services et qui engage une transition douce vers des systèmes autonomes et auto-apprenants. Des systèmes qui peuvent atteindre des buts prédéfinis de façon indépendante, même si les circonstances de départ changent. »
Pour Henning Kagermann, physicien à la tête d’Acatech, la dernière vague technologique, autour des Big Data, de l’IoT et de l’IA, dessine bien un virage profond de nos économies. Même si les technologies soutenant cette nouvelle vague de numérisation ne sont pas à proprement parler nouvelles. On connaît ainsi l’Internet des objets depuis plus de 10 ans. On pourrait en dire autant pour les objets intelligents, la simulation de phénomènes physiques dans le Cloud, la robotique ou le Machine Learning, même si on a enregistré des progrès spectaculaires récents dans un certain nombre de ces domaines. « Mais, ensemble, ces technologies permettent aux organisations d’accéder aux données du monde réel à un coût proche de zéro, analyse le scientifique qui a été un des principaux dirigeants de SAP dans les années 90 et 2000. Sur cette base, et en appliquant à ces données des techniques d’intelligence artificielle, les organisations peuvent bénéficier d’analyses touchant de nombreux aspects de la vie quotidienne des entreprises ou des individus. C’est cela que l’on appelle la transformation digitale. Et, comme on peut le mesurer, on est donc là très loin du phénomène de mode. »
Le président de l’Académie nationale allemande des sciences et de l’ingénierie s’exprimait lors du lancement du portefeuille d’offres Leonardo de SAP. Précisément la réponse du premier éditeur européen à cette mutation profonde de l’économie. SAP Leonardo propose aux entreprises une plateforme pour leurs applications innovantes dans l’IoT, le Machine Learning, les Big Data,la Blockchain, l’Analytics et la Data Intelligence. Un ensemble basé sur le Paas de l’éditeur, la SAP Cloud Platform, permettant de bâtir de nouveaux services applicatifs intégrés au socle ERP, SAP S/4 HANA.
Un défi pour les employés… et les dirigeants
Et pour Henning Kagermann, la construction de ces nouvelles applications, interprétant la donnée en temps réel, est riche de promesses pour les organisations : « vue des entreprises, la transformation digitale permet d’aboutir à une expérience utilisateur et à une création de valeur supérieures. Prenons un exemple dans un secteur des plus traditionnels : l’agriculture. Avec ces technologies, un conducteur d’une machine à récolter les pommes de terre peut anticiper, en temps réel, combien la récolte qu’il est train d’effectuer va lui rapporter dans 6 ou 8 semaines. Surtout, il peut recevoir des analyses lui indiquant, par exemple, qu’il conduit un peu trop vite sa machine et que ses profits seraient supérieurs s’il ralentissait légèrement ».
Cette transition signifie toutefois que les entreprises ont besoin de nouvelles compétences, d’employés ayant une compréhension des impacts du digital, une connaissance profonde des processus de consommation. « Amener les employés vers ce nouveau paradigme nécessite un effort de formation important ; nombre d’entreprises ont d’ailleurs démarré ce chantier. Mais c’est aussi un challenge pour les dirigeants, qui doivent à la fois protéger les activités existantes et bâtir les nouvelles. Bref, ‘s’auto-disrupter’ sans mettre à mal le quotidien de leur entreprise », relève Henning Kagermann.
Des laissés pour compte de la digitalisation ?
Et le président d’Acatech de se montrer résolument optimiste sur la capacité de nos sociétés à négocier ce virage : « Malgré les inquiétudes qui se font jour ici ou là, je pense que cette révolution entraînera avec elle un maximum de personnes. Pour au moins deux raisons. D’abord, on assiste à une forme de prise de conscience, tant des employeurs que des employés. Et ces deux populations poursuivent un objectif commun : assurer l’employabilité tout au long de la vie. Ensuite, si vous appliquez les principes de la digitalisation – des produits et services individualisés sans surcoût – à l’éducation, vous disposez d’un levier très puissant pour augmenter le niveau de compétences de tout un chacun. »