Comment dépasser le terrain de la concurrence et devenir partenaires pour accélérer l’innovation ? Réponses concrètes avec Philippe Geoffroy, directeur Industrie 4.0 chez SAP France et Pascal Laurin, directeur Industrie 4.0 chez Bosch France.
On pourrait légitimement penser que Bosch et SAP se font concurrence sur le marché de l’IoT. Comment alors expliquer votre partenariat ?
Philippe Geoffroy
Bosch et SAP ont une relation client/fournisseur historique depuis des années. Une relation qui a favorisé le développement d’une stratégie duale en utilisant des technologies complémentaires de Bosch et de SAP.
Ainsi, la mise en œuvre, il y a déjà plusieurs années, de la RFID via les solutions dédiées de Bosch et SAP dans l’ERP SAP de Bosch, évolue vers de la co-innovation pour une solution de type Advanced Track&Trace, dans la lignée de l’accord technologique signé en septembre 2016. Au-delà de cet exemple, il s’agit de combiner la plateforme SAP HANA (et sa technologie In Memory) et du PaaS (Platform as a Service) Bosch IoT Cloud. Ainsi, le Cloud du fabricant accueillera des fonctions avancées d’analyse des informations récoltées par des capteurs et la possibilité de contrôler un réseau d’objets connectés. Le but premier n’est autre que d’optimiser la production dans les usines connectées Bosch.
Pascal Laurin
Dans le mouvement de l’Industrie 4.0, des acteurs comme Bosch et SAP (et d’autres) ont besoin de coopérer plutôt que de se concurrencer uniquement. Ainsi, nous nous devons de collaborer sur l’Internet des Objets afin que nos solutions et nos clouds puissent interopérer. D’ailleurs, nous avons déjà mis en œuvre cette collaboration pour concevoir le chariot élévateur connecté ou dans l’offre Bosch Truck Secure Parking. Encore des solutions qui illustrent concrètement notre volonté de travailler ensemble.
Les bonnes intentions et la collaboration n’empêchent pas la concurrence…
Pascal
Nous devons porter la bonne parole aux industriels français pour les convaincre de construire rapidement leur feuille de route Industrie 4.0. Bosch a décidé d’unir ses forces à celles de SAP pour accomplir cette mission d’évangélisation. Et ce, malgré les éventuelles couvertures de gamme de certaines de nos offres.
De plus, Bosch apporte sa propre expérience d’utilisateur final. En effet, nous mettons en œuvre les technologies de l’Industrie du Futur depuis 2013. Aujourd’hui, 5 de nos 10 usines en France sont concernées : Vénissieux, Moulins, Mondeville, Rodez et Drancy. D’ailleurs, nous y organisons régulièrement des visites. Avec ce type d’actions, nous poursuivons deux objectifs. D’une part, il s’agit de s’ouvrir pour partager les bonnes pratiques sur la transformation numérique et sur l’Industrie 4.0. D’autre part, Bosch démontre l’efficacité de ses produits en situation réelle et en production, ainsi que celles de partenaires comme SAP.
Philippe
SAP croit fermement à cette Industrie du Futur. Or, la France est une championne mondiale du logiciel et de l’Intelligence Artificielle. C’est pourquoi nous sommes persuadés que SAP France peut contribuer, en direct ou via des organismes comme Syntec Numérique, à dynamiser ces écosystèmes et accélérer le mouvement vers l’Industrie 4.0.
Toutes les actions menées avec Bosch dans l’Hexagone favorisent la prise de conscience afin de générer l’intérêt de la part des industriels français et donc des opportunités de projets Industrie 4.0. Notre ambition dans ce partenariat serait de passer désormais à l’étape commerciale.
A quels types de collaboration étendue pensez-vous ?
Philippe
En France, nous avons ouvert le SAP Leonardo Center, accélérateur de projets innovants. Pourquoi ne pas imaginer ensemble la conception de pilotes en partenariat avec Bosch ? Puis, une collaboration commune dans la réalisation des projets ainsi générés ? Nous avons déjà travaillé ensemble sur ce type de projet dans une usine Festo, où notre collaboration a parfaitement fonctionné.
Un fabricant de machines français se contente le plus souvent de vendre de l’équipement. Bosch et SAP pourraient l’aider à évoluer vers la fabrication de machines intelligentes. Et pourquoi pas à se transformer pour vendre des services avec ses machines, ou encore uniquement les services basés sur celles-ci, plutôt que de simples équipements ?
Nous devons réfléchir à une collaboration gagnant/gagnant, y compris pour le client qui apprécierait que deux de ses fournisseurs travaillent de concert à la réussite de ses projets.
Enfin, nous pourrions en profiter pour analyser les synergies possibles de nos réseaux et écosystèmes respectifs, bien installés sur l’Hexagone. Ce qui procurerait au client final un service beaucoup plus efficace et valorisant.
SAP et Bosch ont déjà initié le mouvement en France. Et le potentiel est très prometteur !