Comme d’autres industries, la digitalisation du secteur agricole passe par l’exploitation des grands volumes de données que ces activités génèrent. Un levier dont tentent de s’emparer coopératives et industriels de l’aval agricole. Et dont les exploitants devraient aussi bénéficier.
Par Olivier La Tour, Responsable Avant-Vente Consumer Products & Life Sciences, et Stéphane Mirambeau, Architecte Solutions pour l’Agri Business et l’Agro-Industrie, SAP France
L’apparition de capteurs de diverses natures, de drones, mais aussi les attentes de plus en plus poussées en matière de traçabilité des produits alimentaires amènent la filière agricole à gérer des volumes de données de plus en plus importants. Ce ne sont pas forcément les exploitants eux-mêmes qui sont les pionniers du Big Data dans la filière, mais plutôt les coopératives et les industriels de l’aval agricole. Ces derniers cherchent à collecter toujours plus d’informations, jusqu’aux données sur la structure du sol ou sur chaque animal d’élevage, pour en faire ressortir des analyses qu’ils pourront répercuter aux exploitants, pour les aider à améliorer leurs pratiques. Aujourd’hui, les coopératives voient tous ces services comme une voie d’avenir.
Ce constat ne signifie pas que le Big Data n’a aucun intérêt direct pour les exploitants. Comme ne le souligne que trop l’actualité, le métier d’agriculteur est dur, et génère des revenus trop faibles pour la plupart de ceux qui le pratiquent. Tout ce qui peut permettre de simplifier cette activité, de la rendre plus automatisée, donc de gagner en productivité, doit être examiné avec intérêt. On pourrait ainsi automatiser la distribution d’aliments aux animaux, la traite des vaches, voire des opérations entières d’entretien dans les champs, via des machines autonomes. Ce qui signifie qu’il faut savoir exploiter les données que créent les capteurs, en y agrégeant souvent d’autres sources d’information, comme la météo. Un champ énorme d’améliorations du quotidien des exploitants n’attend qu’à être moissonné !
Cybersécurité alimentaire
Au passage, ces nouvelles pratiques débouchent sur de nouvelles attentes en matière de sécurité. Car, plus on se dirige vers des décisions prises par des objets communicants, échangeant des données avec d’autres capteurs, plus le besoin de sécurité va devenir prépondérant. Exactement comme dans l’industrie manufacturière, quand les machines-outils ont commencé à être connectées aux réseaux informatiques. Dans l’agriculture, on ne parle évidemment pas de chaînes de production, mais les enjeux sont identiques. Là encore, le droit à l’erreur n’existe pas, d’autant que le produit final se retrouve dans l’assiette des consommateurs. On ne peut donc pas s’affranchir d’une gestion rigoureuse du Big Data, susceptible de créer un climat de confiance autour des données qui vont être agrégées et échangées. Un prérequis également indispensable dans la traçabilité de bout en bout, du champ à l’assiette, une attente de plus en plus marquée des consommateurs.
Ce modèle est susceptible de faire naître un cercle vertueux, au sein duquel l’agriculteur pourra, à terme, bénéficier de la valeur de ses données en les monnayant par la vente ou l’échange contre des services à valeur ajoutée améliorant l’efficacité de l’exploitation. Au final, un modèle de plate-forme de services qu’on voit aujourd’hui se développer dans toutes les industries, sous l’effet de la transformation digitale. Avec, pour l’agriculture, de multiples sources de données capables de donner naissance à une ribambelle de services métier innovants : météo, données sur les sols, capteurs sur les animaux, données satellites, indicateurs de biomasse, vidéos obtenues via des drones, etc.
Réduire la pollution tout en améliorant les rendements
La plupart des coopératives et industriels étudient aujourd’hui ces sujets, souvent via des prototypes menés avec certains exploitants. Mais sans toutefois avoir franchi le stade de la massification. De son côté, SAP a dédié une entité à l’agri-business, au sein de laquelle a été développée une solution appelée Connected Agriculture, basée sur la plate-forme Leonardo. Celle-ci permet de récupérer des informations tous azimuts et de les analyser pour assurer un pilotage en temps réel de l’exploitation. Par exemple, en adaptant le grammage d’intrants à un endroit précis d’une parcelle lors d’un traitement réalisé par un tracteur autonome. La précision de cette approche permet à la fois de réduire la pollution et d’améliorer les rendements.
Bien entendu, la constitution de ces entrepôts de données ouvre la porte à l’utilisation de l’IA ou d’algorithmes de Machine Learning. Dans les exploitations de palmiers, ces technologies sont, par exemple, déjà employées pour analyser des données captées par des drones afin de compter les arbres et de repérer les sujets atteints de maladie, en se basant sur de nombreux indicateurs tels que l’interprétation de l’état hydrique des sols, l’état végétatif des plantations, les colorations de feuillages, etc. Nombre de start-ups se penchent sur le potentiel de l’IA dans l’agriculture, en venant notamment se greffer à notre plate-forme. Citons par exemple The Green Data, qui fournit des recommandations aux exploitants basées sur des analyses de données. On peut aussi imaginer que ces données métier soient corrélées aux informations financières de l’exploitation, pour créer davantage de confiance entre les acteurs de la filière.
Le Big Data touche donc l’ensemble de la filière agricole, s’étendant même jusqu’au consommateur via les plates-formes de traçabilité de bout en bout comme Global Track & Trace de SAP. Et l’intérêt de tous les acteurs du domaine est aujourd’hui bien réel, comme en témoigne la création d’un espace consacré au digital sur le Salon de l’agriculture (du 24 février au 4 mars, à Paris Expo). SAP y tiendra un stand dédié aux innovations dans ce secteur, en partenariat avec des start-ups travaillant autour de notre plate-forme sur des sujets comme la maîtrise de l’énergie, le traitement des données pour la viticulture, la réassurance sur la base d’analyses météorologiques ou encore l’utilisation de la Blockchain pour la gestion des documents logistiques.
Pour en savoir plus sur les tendances technologiques et sur les différents aspects du cadre de l’entreprise agricole et digitale, téléchargez le livre blanc sur La Création de Valeur dans le Secteur Agro-Industriel Digital.