La révolution industrielle nous a permis de nous enrichir, d’être en meilleure santé et, d’une certaine façon, d’être plus civilisés. Mais elle a rendu l’humanité amère.
Oubliées les compétences qui permettaient aux artisans de créer une montre ou de coudre une robe à partir de modèles qu’ils avaient imaginés : les contributions de l’humanité à l’économie se sont peu à peu limitées, pour l’essentiel, à des tâches répétitives sur des lignes d’assemblage ou dans des bureaux cloisonnés. Les aptitudes purement humaines ont été tellement dénigrées avec le temps qu’on les a regroupées sous l’appellation peu flatteuse de compétences soft (ou générales) et cantonnées à quelques domaines dits « non essentiels » comme le marketing, les relations publiques et la conception.
Mais aujourd’hui les spécificités qui font de nous des êtres humains sont plus précieuses que jamais. Les robots, l’intelligence artificielle et le Machine Learning finiront par prendre la main sur les tâches mémorisées et exécutées de manière répétitive, nous forçant ainsi à nous focaliser sur ce que les machines sont incapables de faire. À l’avenir, ce sont donc nos compétences dites « soft » qui nous permettront de gagner notre vie.
Comme nous l’expliquons dans l’un de nos articles du Digitalist Magazine Executive Quarterly, « The Human Angle » (L’angle humain), disposer d’excellentes compétences humaines ne va pas de soi. Selon Tasha Eurich, psychologue chercheur, seuls 10 à 15 % d’entre nous possèdent une véritable conscience d’eux-mêmes, pourtant indispensable pour optimiser nos compétences les plus humaines : la créativité, la résolution de problème, l’empathie et la coopération.
L’IA et le Machine Learning nous mettront d’ailleurs au défi de perfectionner ces compétences. Grâce aux avancées dans les sciences du cerveau et dans la psychologie comportementale, nous disposons de nouveaux moyens pour y parvenir. Mais nous devons également apprendre à collaborer avec les machines.
La collaboration humains-machines n’est pas un concept nouveau. La technologie nous a toujours aidés à renforcer nos aptitudes, que ce soit les pierres pointues sur les lances de nos ancêtres qui leur ont permis de se nourrir et de se défendre ou bien les exosquelettes qui nous permettent aujourd’hui de déplacer de gros objets avec une adresse que des machines seules ne parviennent pas à égaler. Les progrès si rapides des machines nous font craindre qu’un jour nous pourrions être dépassés, mais, comme nos ancêtres, nous découvrons peu à peu comment exploiter les nouvelles technologies pour en tirer profit.
Notre article-vedette, « The Blockchain Solution » (La solution blockchain), montre que le perfectionnement des aptitudes humaines offrira un nouveau moyen aux entreprises de propulser leurs activités et leur secteur tout entier dans le futur, et c’est vrai en particulier pour les chaînes logistiques. Celles-ci sont aujourd’hui si complexes qu’elles requièrent un nombre impressionnant d’intermédiaires humains pour compenser les dysfonctionnements : avocats, comptables, représentants du service client, opérateurs d’entrepôts, banquiers… L’association de technologies émergentes (blockchain, impression 3D, Internet des Objets…) permet de réduire le besoin en intermédiaires humains et de mettre notre créativité au service de la transformation de la chaîne logistique, faisant de ce centre de coût tactique une formidable source d’avantages concurrentiels.
Cependant, si nous perfectionnons nos compétences humaines propres mais que nos collègues ne le font pas, au bout du compte, la démarche n’aura que peu d’effet.
Les directeurs informatiques ont pris de l’avance dans ce domaine. Ils ont compris depuis longtemps que le succès requiert le soutien d’un nombre important de collaborateurs et dirigeants, aux profils multiples. Notre article « Hack the CIO » (Pirater le directeur informatique) révèle les stratégies que les directeurs informatiques mettent en œuvre pour fédérer l’organisation autour d’un objectif commun.
Alors que l’IA et le Machine Learning s’imposent, cet état d’esprit propre aux directeurs informatiques doit également s’imposer chez les autres collaborateurs. Les directeurs informatiques ne pourraient en aucun cas se permettre de craindre les technologies. Il en va de même pour nous. Les connexions que les humains établissent avec l’IA et le Machine Learning doivent être de l’ordre de la symbiose et non pas de la confrontation. Mais il n’y aura de symbiose qu’à la condition que nous prenions les mesures décisives requises.
Article posté pour la première fois sur news.sap.com le 6 février 2018.