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La solution blockchain

En combinant correctement la blockchain à d’autres technologies émergentes, votre chaîne logistique peut devenir un avantage concurrentiel.

En 2013, plusieurs chaînes de supermarchés britanniques ont découvert que les produits à base de bœuf qu’elles commercialisaient étaient en fait confectionnés, en partie ou en totalité, à partir de viande de cheval. Face au tumulte qui en a découlé, elles ont été contraintes de rappeler massivement des produits et d’effectuer des tests alimentaires plus stricts, tandis que le secteur alimentaire européen a été appelé à examiner ces ingrédients non étiquetés ou mal étiquetés pouvaient se retrouver dans les rayons.

D’ici 2020, il sera tout à fait possible d’éviter ce genre de scandale.

La séparation entre les viandes bovines et équines deviendra immuable grâce aux capteurs IdO (Internet des objets), qui surveilleront la provenance et l’identité de chaque animal, de l’étable jusqu’au magasin, en prenant soin d’ajouter ces données à une blockchain (chaîne de blocs) consultable par tous, mais non modifiable.

Les entreprises agroalimentaires pourront utiliser cette blockchain pour confirmer et étiqueter le contenu de leurs produits, en indiquant sur chaque emballage la ferme et l’animal d’origine. Ce niveau de détail est peut-être excessif pour les acheteurs, mais ces derniers auront au moins la certitude que leurs boulettes de viande sont issues de l’espèce indiquée.

La colonne vertébrale du passage au numérique

La garantie de la sécurité et de la traçabilité des aliments n’est toutefois qu’un début. Jusqu’ici progressives malgré les milliards de dollars d’investissements technologiques, les améliorations observées dans la chaîne logistique sont sur le point d’exploser. Les technologies émergentes convergent pour passer d’une chaîne logistique tactique en chaîne logistique stratégique, d’un produit facile à reproduire à une nouvelle source de différenciation concurrentielle.

Vous réfléchissez peut-être déjà à la manière d’exploiter les avantages de la technologie blockchain, qui rend les données et les transactions immuables, transparentes et vérifiables (voir « En quoi consiste la blockchain et comment fonctionne-t-elle ? »). Il s’agira d’un puissant outil permettant d’augmenter la vitesse et l’efficacité de la chaîne logistique, objectif louable mais non à même de bouleverser le marché.

Cependant, si vous considérez la blockchain comme la colonne vertébrale du passage au numérique, qui relie les différents membres, à savoir les technologies telles que l’IA, l’IdO, l’impression 3D, les véhicules autonomes et les drones, l’ensemble forme une puissante chaîne logistique qui vous permettra de conserver une longueur d’avance sur la concurrence.

En quoi consiste la blockchain et comment fonctionne-t-elle ?

Voici pourquoi la technologie blockchain est essentielle à la transformation de la chaîne logistique.

La blockchain désigne essentiellement un registre de transactions séquentiel et distribué, constamment mis à jour sur un réseau mondial d’ordinateurs. La propriété et l’historique d’une transaction sont intégrés dans la blockchain dès les premières phases de son existence, puis vérifiés à chaque nouvelle étape.

Un réseau de blockchain mobilise une importante puissance de calcul pour chiffrer le registre au fur et à mesure de son écriture. Chaque ordinateur du réseau peut ainsi vérifier les transactions de manière sûre et transparente. Plus les entreprises participant au registre sont nombreuses, plus le chiffrement devient complexe et sécurisé, ce qui le rend de plus en plus inviolable.

Pourquoi la blockchain est-elle importante pour la chaîne logistique ?

  • Elle permet d’échanger de la valeur en toute sécurité et sans organisme partenaire de vérification central, ce qui rend les transactions plus rapides et moins coûteuses.
  • Elle simplifie considérablement la tenue des registres en offrant une vision unique et péremptoire des faits à tous les acteurs.
  • Elle génère un historique et une chaîne de responsabilité sécurisés et immuables au fur et à mesure que les différents acteurs gèrent les articles expédiés et mettent à jour la documentation pertinente.
  • Par conséquent, la blockchain permet aux entreprises de créer des contrats intelligents s’appuyant sur une logique commerciale programmable, pouvant être exécutés de manière autonome afin d’économiser du temps et de l’argent tout en réduisant les frictions et les intermédiaires.

Visions d’avenir

Au milieu des années 1990, alors que le World Wide Web n’en était qu’à ses balbutiements, nous ne savions pas qu’Internet deviendrait si vaste et omniprésent, ni que nous trouverions un moyen de le condenser sur de petites plaques de verre pour l’emporter partout avec nous.

Nous pouvions cependant prévoir qu’il présentait un fort potentiel.

Aujourd’hui, avec la combinaison de technologies émergentes promettant de faire exploser la transformation numérique, nous commençons à réfléchir à la manière dont nous nous pourrions transformer la blockchain en une source d’avantage concurrentiel (voir « Quelle est la combinaison magique ? »).

Quelle est la combinaison magique ?

Ceux qui misent sur la blockchain de manière isolée manqueront l’opportunité bien plus importante qu’elle ouvre au niveau de la chaîne logistique.

De nombreux experts estiment que les technologies émergentes exploiteront la blockchain pour convertir la chaîne logistique au numérique et créer de nouveaux modèles de gestion :

  • La blockchain constituera une base de confiance automatisée pour tous les acteurs de la chaîne logistique.
  • L’IdO reliera les objets, des micro-appareils aux grosses machines, et générera des données concernant l’état, l’emplacement et les transactions qui seront enregistrées sur la blockchain.
  • L’impression 3D étendra la chaîne logistique jusqu’au domicile du client avec la fabrication hyperlocale de pièces et de produits au moyen de capteurs IdO intégrés aux produits et/ou à leur emballage. Chaque objet fabriqué sera intelligent, connecté et capable de communiquer afin de pouvoir être éventuellement suivi et tracé.
  • Les outils de gestion du Big Data traiteront toutes les informations provenant des capteurs IdO, et ce 24 heures sur 24.
  • L’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique analyseront cet énorme volume de données pour y débusquer des modèles et bénéficier d’une véritable capacité de prévision dans tous les domaines de la chaîne logistique.

En combinant ces technologies à de puissants outils d’analyse permettant de prévoir les tendances, la chaîne logistique ne souffrira plus jamais d’un manque de visibilité. Les entreprises seront en mesure d’examiner une machine donnée au fil de son cycle de vie et d’identifier les domaines dans lesquels les performances sont perfectibles afin d’accroître le retour sur investissement. Elles pourront ainsi suivre et surveiller chaque phase du cycle de vie d’un produit, qu’il s’agisse de sa conception, de sa livraison ou de son entretien. Elles seront capables de déclencher et de suivre des actions automatisées entre partenaires et clients, afin de fournir des transactions personnalisées en temps réel s’appuyant sur des données réelles.

Les entreprises auront finalement la possibilité de les créer des marchés personnalisés dont on parle depuis des décennies, à grande échelle et de manière rentable.

Par exemple, Amazon est en passe de devenir autant une entreprise logistique qu’un détaillant. Ses systèmes de commande et de livraison ont été tellement rationalisés que ses clients peuvent lancer et passer une commande livrée le jour même en appuyant sur un simple bouton ou en dictant une commande à Alexa, le dispositif d’AI qui reste en permanence à votre écoute. Ce niveau d’expérimentation et d’innovation prend de l’ampleur dans tous les secteurs d’activité.

Citons l’exemple du secteur manufacturier, où l’IdO transforme l’automatisation au sein d’usines déjà extrêmement automatisées. Les communications de machine à machine permettent aux robots d’installer, d’approvisionner et de décharger le matériel avec rapidité et précision, en limitant l’intervention humaine au strict minimum. En parallèle, les capteurs dans les usines sont déjà capables de recueillir des informations telles que la fréquence de maintenance de chaque machine ou la quantité de matières premières à commander en fonction des tendances de production actuelles.

Après avoir recueilli suffisamment de données, les entreprises seront en mesure d’alimenter des algorithmes d’apprentissage automatique pour identifier les tendances afin de prévoir leurs futurs résultats. À ce stade, la blockchain commencera à devenir automatisée et prédictive. Nous commencerons alors à voir apparaître des modèles de gestion comprenant la planification proactive de la maintenance, le remplacement des pièces tout juste avant la panne, la commande de matériel et l’expédition aux clients exécutés automatiquement.

Trenitalia, exploitant ferroviaire italien, a par exemple installé des capteurs IdO sur ses locomotives et ses voitures, et emploie des analyses et le traitement des données en mémoire vive pour évaluer l’état de ses trains en temps réel, selon un article de Computer Weekly. « Il est désormais possible de recueillir d’énormes volumes de données issus de centaines de capteurs sur un train donné, puis d’analyser ces données en temps réel et de détecter les problèmes avant qu’ils ne surviennent », a déclaré Danilo Gismondi, PDG de Trenitalia, à Computer Weekly.

La blockchain permet de convertir au numérique toutes les phases essentielles de la chaîne logistique et de les rendre irréfutablement vérifiables en quelques minutes par les acteurs stratégiques : le vendeur et l’acheteur, les banques, les entreprises logistiques ainsi que les agents d’import-export.

Le projet, qui devrait être achevé en 2018, fera évoluer le modèle de gestion de Trenitalia, en donnant à l’entreprise la possibilité de programmer davantage d’itinéraires tout en accroissant la rentabilité de chacun d’entre eux. La compagnie ferroviaire pourra alors mieux planifier les stocks de pièces et déterminer les lignes peu rentables et qui doivent être mises à niveau. Le nouveau système permettra d’économiser 100 millions d’euros par an, selon les informations d’ARC Advisory Group.

Les nouveaux modèles de gestion continuent d’évoluer tandis que les imprimantes 3D deviennent de plus en plus sophistiquées et abordables, permettant ainsi de rapprocher l’extrémité de la chaîne logistique du client. Les entreprises peuvent concevoir des pièces et des produits employant des matériaux aussi divers que la fibre de carbone ou le chocolat avant d’imprimer ces articles dans leur entrepôt, chez un fournisseur tiers idéalement situé, voire même chez le client.

Non contentes de réduire leurs frais d’expédition et leurs délais d’exécution, les entreprises seront capables de proposer des articles davantage personnalisés à des prix abordables, même en petites quantités. À titre d’exemple, le magasin de vêtements Ministry of Supply a récemment installé une imprimante 3D dans sa boutique de Boston, ce qui lui permet de fabriquer un article répondant aux spécifications d’un client en moins de 90 minutes, selon un article paru dans Forbes.

Ce type de fabrication hautement décentralisée présente un avenir prometteur dans de nombreux secteurs. Il pourrait même entraîner l’apparition d’un marché spécialisée dans la fabrication sécurisée destinée aux secteurs fortement réglementés, ce qui permettra par exemple à un fabricant de transmettre des modèles chiffrés à des imprimantes situées dans des sites strictement protégés.

Parallèlement, des entreprises réfléchissent à des façons d’employer la technologie blockchain pour authentifier, suivre et tracer, automatiser et gérer les transactions et les interactions, à la fois en interne et au sein de leurs réseaux de fournisseurs et de clients. La capacité de recueillir des données, de les enregistrer sur la blockchain afin de les vérifier immédiatement et de mettre ces données fiables à la disposition de n’importe quelle application génère une valeur ajoutée incontestable, quel que soit le contexte commercial. Et la chaîne logistique ne fera pas exception.

La blockchain, facteur de changement

La chaîne logistique est configurée telle que nous la connaissons aujourd’hui, car il est impossible de créer un contrat prévoyant toutes les éventualités possibles. Songez aux transferts financiers transfrontaliers. Très complexes, ils doivent satisfaire à d’innombrables règlements, ce qui exige un grand nombre d’intermédiaires pour combler les lacunes : avocats, comptables, responsable technique de la clientèle, opérateurs magasin, banquiers, etc. En réduisant cette complexité, la technologie blockchain minimise le recours aux intermédiaires : une transformation révolutionnaire, déjà au regard des économies pouvant être réalisées.

« Si vous vendez 100 articles par minute, 24 heures sur 24, une réduction des coûts de la chaîne logistique de 1 $ par article vous permet d’économiser plus de 52,5 millions de dollars par an », note Dirk Lonser, responsable de la commercialisation SAP pour DXC Technology, société de services informatiques. « En remplaçant les processus manuels et les différentes connexions de pair à pair par fax ou e-mail par une solution unique permettant à chacun d’échanger instantanément des informations vérifiées, la blockchain augmentera les marges de façon exponentielle sans augmenter les prix, ni même la productivité individuelle. »

Le potentiel de la blockchain va cependant bien au-delà de la réduction des coûts et de la rationalisation, déclare Irfan Khan, PDG de la société de conseil en gestion de la chaîne logistique et d’intégration de systèmes Bristlecone, entreprise du groupe Mahindra. Elle donnera aux entreprises des moyens de se différencier.

« La blockchain permettra aux entreprises de tracer plus précisément les pièces ou les produits défectueux depuis les utilisateurs finaux jusqu’aux usines si elles doivent effectuer un rappel », affirme M. Khan. « Elle rationalisera l’intégration, le choix et la gestion des fournisseurs en créant une plate-forme intégrée accessible par l’ensemble du réseau de l’entreprise en temps réel. Elle offrira aux fournisseurs une visibilité transparente et sécurisée sur l’inventaire, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. À une époque où la contrefaçon constitue une réelle préoccupation pour de nombreux secteurs, les détaillants et les clients pourront facilement vérifier l’authenticité des produits. »

La blockchain permet de convertir au numérique toutes les phases essentielles de la chaîne logistique et de les rendre irréfutablement vérifiables en quelques minutes par les acteurs stratégiques : le vendeur et l’acheteur, les banques, les entreprises logistiques ainsi que les agents d’import-export. Bien que les principales composantes des opérations demeurent identiques à celles de la chaîne logistique actuelle, leur exécution électronique via la technologie blockchain permet de raccourcir chaque phase de quelques heures ou jours à quelques secondes, tout en éliminant de nombreuses formalités inutiles. Grâce au transport rapide des marchandises, les entreprises disposent d’une marge suffisante pour concevoir de nouveaux modèles de gestion gravitant autour de la fabrication, des services et de la livraison.

Les défis liés à l’adoption

Afin que tout cela fonctionne, les données de la blockchain doivent cependant être exactes dès le début. Les médicaments, les produits ou les pièces du camion de livraison doivent être identiques aux articles figurant sur le manifeste remis lors du chargement. Chaque cas d’utilisation suppose que les données sont exactes, et cette hypothèse sera vraie uniquement lorsque tous les objets fabriqués seront intelligents, connectés et capables de se vérifier automatiquement à l’aide d’un l’apprentissage automatique configuré de manière à détecter les erreurs et les fraudes potentielles.

Les entreprises envisagent déjà la possibilité d’appliquer cet ensemble de technologies émergentes à la chaîne logistique. IDC prévoit que d’ici 2021, au moins 25 % des entreprises apparaissant dans le classement Forbes Global 2000 (G2000) feront appel aux services de la blockchain comme base de confiance numérique à grande échelle, et 30 % des principaux fabricants et détaillants mondiaux y recourront d’ici 2020. IDC prédit également que d’ici 2020, jusqu’à 10 % des registres de blockchains pilotes et de production intégreront des données issues de capteurs IdO.

Malgré l’optimisme d’IDC, le principal obstacle à l’adoption est le stade précoce des cas d’utilisation en entreprise, surtout en ce qui concerne blockchain. Actuellement, le seul système de production blockchain important dans le monde des affaires est le Bitcoin, monnaie virtuelle dont l’image a été entachée par des accusations portant sur la spéculation, des transactions financières douteuses et le « dark web ».

Le stade de cette technologie est encore trop précoce pour émettre des doutes quant à sa capacité à traiter les énormes volumes de données générées quotidiennement par une chaîne logistique internationale. Sans parler du fait qu’elle n’est aucunement règlementée ni régie par des normes internationales. Il existe en outre un grave manque d’experts à l’échelle mondiale aptes à expliquer les technologies émergentes (telles que la blockchain, l’IdO et l’apprentissage automatique) aux secteurs non technologiques et d’expliquer aux entreprises comment ces technologies peuvent améliorer les processus de leur chaîne logistique. Enfin, certains craignent que les algorithmes complexes de la blockchain ne consomment trop de puissance de calcul, et donc d’électricité (voir « La blockchain, monstre énergivore ? »).

La blockchain, monstre énergivore ?

La blockchain est gourmande en énergie. La technologie peut-elle régler cette question ?

Aujourd’hui, l’énorme empreinte carbone des réseaux qui créent et résolvent les problèmes algorithmiques pour assurer la sécurité des blockchains est une préoccupation majeure. Bien que les adeptes de monnaies virtuelles prétendent que cette déclaration est exagérée, les déclarations de Michael Reed, responsable de la technologie blockchain d’Intel, ont souvent été reprises : il affirme que les besoins en énergie des blockchains siphonnent les ressources électriques de la planète.

En effet, le magazine Wired a estimé que d’ici juillet 2019, le réseau Bitcoin nécessitera à lui seul plus d’énergie que ce que consomme l’ensemble des États-Unis aujourd’hui et qu’en février 2020, il consommera autant d’électricité que le monde entier à l’heure actuelle

Néanmoins, la puissance de calcul devient de jour en jour plus efficace sur le plan énergétique et les démarches papier deviendront trop lentes. C’est pourquoi les experts, y compris M. Reed, considèrent qu’il s’agit d’un problème pouvant être résolu.

« Nous ne connaissons pas encore la solution que le marché adoptera. Dans dix ans, il s’agira peut-être du statu quo, d’une meilleure pratique ou encore du prochain Betamax, une excellente technologie pour laquelle il n’existait aucune demande », explique M. Lonser. « Même les secteurs fortement réglementés nécessitant une plus grande transparence dans toute leur chaîne logistique avancent assez lentement. »

La blockchain devra être acceptée par une masse d’entreprises, de gouvernements et d’autres organisations avant qu’elle ne remplace la documentation papier. Cette situation s’apparente au paradoxe de l’œuf et de la poule : plusieurs entreprises doivent adopter ces technologies simultanément afin de créer une blockchain destinée à échanger des informations, mais il est difficile de convaincre plusieurs entreprises d’agir en même temps. Il existe cependant des initiatives en cours :

  • Everledger, une start-up londonienne, emploie les technologies blockchain et IdO pour tracer la provenance, le propriétaire et le cycle de vie des actifs précieux. L’entreprise a commencé par suivre les diamants, de la mine à la bijouterie, en utilisant environ 200 caractéristiques afin de parer à la demande et l’offre des « diamants de conflits », c’est-à-dire les diamants extraits dans les régions en guerre revendus pour financer les insurrections. Elle a depuis étendu ses activités aux secteurs du vin, des œuvres d’art et des autres objets précieux afin d’éviter la fraude et de vérifier leur authenticité.
  • En septembre 2017, SAP a annoncé la création de son programme SAP Leonardo Blockchain Co-Innovation, un groupe de 27 clients souhaitant innover conjointement autour de la blockchain et susciter l’adhésion des entreprises. Issus d’horizons divers, les participants comprennent notamment les sociétés de services technologiques Capgemini et Deloitte, la société de cosmétiques Natura Cosméticos S.A. ainsi que Moog Inc., fabricant de systèmes de contrôle du mouvement et des fluides.
  • Deux des plus grands ports maritimes d’Europe, Rotterdam et Anvers, travaillent sur des projets blockchain destinés à rationaliser les interactions avec les clients portuaires. L’autorité du terminal d’Anvers affirme que l’élimination des démarches papier pourrait réduire de 50 % les coûts de transport par conteneurs.
  • Alibaba, le géant chinois des achats en ligne, expérimente une blockchain visant à vérifier l’authenticité des produits alimentaires et à détecter les contrefaçons avant qu’elles n’engendrent des risques pour la santé.
  • Des dirigeants des secteurs de la technologie et du transport se sont associés pour créer le BiTA (Blockchain in Transport Alliance), un forum de développement de normes relatives à la blockchain et de formations destinées au secteur du transport de marchandises.

Le premier cas d’utilisation de la blockchain dans une chaîne logistique verra probablement le jour l’année prochaine au sein de sociétés qui la perçoivent comme une occasion d’améliorer leur conformité légale et leurs processus métier. Par la suite, d’autres suivront cet exemple.

Des changements attendus

Ce n’est qu’une question de temps avant que la chaîne logistique ne devienne un avantage concurrentiel. Pour les entreprises d’aujourd’hui, l’enjeu est de savoir comment se préparer à un tel changement. Les clients s’attendront à bénéficier d’une visibilité constante et granulaire sur leurs transactions ainsi qu’à un service plus rapide et personnalisé dans chaque phase du processus. Les entreprises devront être prêtes à répondre à ces attentes.

Si elles possèdent des processus métier manuels qui n’ont encore jamais pu être automatisés, il est temps d’évaluer si cela est désormais possible. Les entreprises ayant effectué des investissements initiaux dans les technologies émergentes examinent actuellement la rentabilité de leurs projets pilotes et la mesure dans laquelle ils pourraient les appliquer à leur chaîne logistique. Elles commencent à réfléchir à une manière créative de combiner différentes technologies pour proposer un produit, un service ou un modèle de gestion auparavant impossible.

Un fabricant pourra charger une imprimante 3D dans un camion autonome afin de créer l’article commandé par son client, alors même que cet article est en cours de livraison. Un fournisseur s’emparera du marché pour un produit socialement responsable en offrant à ses clients la possibilité de suivre sa production et de vérifier qu’aucun de ses sous-traitants ne fait appel au travail forcé. Une chaîne de supermarchés gagnera des clients en leur garantissant la composition des aliments indiquée sera certifiée exacte et qu’ils n’auront plus à espérer simplement que les étiquettes reflètent correctement le contenu.

À ce stade, la chaîne logistique intelligente ne se contentera plus de fournir un avantage concurrentiel. Elle sera devenue nécessaire pour permettre aux entreprises de tenir la distance face à leurs concurrents.

À propos des auteurs

Gil Perez est vice-président senior spécialisé dans l’Internet des Objets et la chaîne logistique numérique chez SAP.

Tom Raftery est vice-président mondial, futuriste et « évangéliste » de l’Internet des Objets chez SAP.

Hans Thalbauer est vice-président senior spécialisé dans l’Internet des Objets et la chaîne logistique numérique chez SAP.

Dan Wellers est responsable international de l’avenir numérique chez SAP.

Fawn Fitter est un journaliste indépendant spécialisé dans le monde des affaires et la technologie.

Cet article est initialement paru sur digitalistmag