Avec l’adoption de technologies collaboratives et prédictives et l’arrivée des jumeaux numériques, la gestion des actifs industriels va vivre un bouleversement. Rebattant les cartes de la relation entre les fabricants d’équipements (ou OEM) et les industriels.
Avec l’Industrie 4.0, tous les secteurs se renouvellent, sous la double pression d’un écosystème en pleine évolution et de l’arrivée de technologies nouvelles. L’asset management ou la partie maintenance longtemps considérée comme le parent pauvre de l’industrie n’échappe pas à la règle, SAP parlant désormais de gestion intelligente des équipements. « Nous avons un portfolio de solutions pour définir la juste stratégie de maintenance adaptée à chaque équipement en production et en particulier notre offre Cloud SAP Asset Strategy and Performance Management », dit Philippe Geoffroy, Head of Industry 4.0 chez SAP France.
Dans le schéma actuel, les actifs sont achetés par un opérateur auprès de fabricants. Leurs relations sont réglées par l’acte de vente. Avant cet acte, l’équipement était de la responsabilité de l’OEM, après celle de l’opérateur. La maintenance appartenait entièrement à ce dernier : le suivi de l’état de santé de l’équipement, les coûts de l’entretien, le monitoring de la performance, la gestion de tous les incidents éventuels et de leurs conséquences. L’OEM se rémunérait par la vente de l’actif et ensuite par celle des pièces de rechange, avec quelques fois la mise en place d’un contrat de services. Ce schéma classique est appelé à être remis à plat.
Une plateforme collaborative
Désormais, l’asset management se traite par l’intermédiaire d’une plateforme collaborative dans le Cloud : chez SAP, cette plateforme s’appelle Asset Intelligence Network, et offre différentes capacités de collaboration aux acteurs, y compris quand la maintenance est sous-traitée. La plateforme est nourrie d’informations pré-définies par l’OEM, elles permettront de monitorer l’état de santé des machines et de les suivre en permanence.
En matière de maintenance, l’OEM va désormais vendre de la performance, du temps de cycle effectif, à travers une facturation à l’usage. Il ne vendra plus un produit puis des pièces détachées, mais prendra en charge la maintenance des actifs vendus tout au long de leur cycle de vie. Dans cette nouvelle forme de relation, l’OEM prend de nouvelles responsabilités, en décidant par exemple, au vu des informations à sa disposition, du remplacement d’une machine et assumant une part de responsabilité en cas de non performance.
Les attentes des industriels
Pour les industriels, ce schéma amène à repenser totalement la gestion des actifs. Une mutation très attendue. Quelques chiffres pour s’en convaincre. 76% des industriels considèrent qu’il est important de prédire les pannes, mais seulement 21% d’entre eux examinent réellement les statistiques sur la maintenance prédictive qui leur parviennent, et 13% des organisations seulement sont capables de manager la performance en temps réel de leurs équipements couplés à l’analyse d’historiques de maintenance. Bref, un grand écart entre les attentes sur le mode prédictif et la réalité. « Il faut aller connecter de façon simple les équipements avec des capteurs de plus en plus digitaux natifs, analyse Philippe Geoffroy, afin que ces derniers remontent en temps réel leurs conditions de fonctionnement. Actuellement très peu d’équipements sont connectés ; or, pour réaliser une bonne stratégie de gestion d’actifs, c’est la voie à suivre. »
Une entreprise peut déjà vérifier sa maturité en matière de gestion d’actifs, comparée à celle d’un panel de sociétés observées par SAP. La vérification passe par le calcul de quatre indicateurs : la part des projets d’investissements réalisés à temps et dans le cadre budgétaire prévu, l’efficacité de tous les équipements en service, le coût de la gestion des actifs, les incidents et les actions réalisées en dehors des délais prévus. Cette approche permet de se situer et de définir la maintenance dont chaque organisation a besoin, en mettant le curseur au bon endroit pour obtenir une production optimale.
L’arrivée des jumeaux numériques
Cette nouvelle gestion des actifs, encore émergente, se veut à la fois plus prédictive et plus réactive. Elle passe par de nouveaux services numériques offerts avec la plateforme SAP Asset Intelligence Network, mais aussi par l’arrivée des jumeaux numériques sur lesquels elle va se connecter. La nouvelle gestion des actifs proposée par SAP intègre un partenariat signé avec Ansys, une entreprise de R&D, spécialiste de la simulation et des jumeaux numériques. Les jumeaux numériques suivent en permanence tout ce qui se passe dans le monde physique des équipements et remontent l’information sur la plateforme SAP Predictive Engineering Insights. En plus des simulations – qui, dans le monde virtuel, ont un coût proche de zéro -, les jumeaux seront capables d’effectuer des prédictions : par exemple, sur un parc d’éoliennes, connaître l’état des pâles, réduire la vitesse de celles-ci en fonction des conditions, arrêter les turbines…
Un deuxième partenariat offre des solutions de mobilité aux techniciens de maintenance (en mode online et/ou offline). Il est issu d’un partenariat signé avec Apple, qui s’intéresse aussi au monde de l’industrie. « SAP co-innove avec Apple, on ne s’y attend peut-être pas » glisse Philippe Geoffroy. SAP a également noué un accord avec Esri, spécialiste du géospatial, qui peut intervenir par exemple pour aider à surveiller efficacement des canalisations ou des bâtiments. « Tout un éco-système se met en place, insiste Philippe Geoffroy, de nombreux partenaires comme Ansys, Apple ou Esri nous apportent le meilleur de leur technologie. »
