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La révolution du BigData : à qui appartiennent nos données ?

De nos jours, nos cerveaux humains engloutissent plus de données en un seul jour que ceux de nos ancêtres tout au long de leur vie. En moyenne sur une journée, nous voyons Google 7,2 milliards de fois, postons 30 milliards de contenus sur Facebook et envoyons 247 milliards d’e-mails.

Comme si cela ne suffisait pas, nous chargeons aussi 48 heures de vidéos sur YouTube toutes les minutes !

Que faisons-nous donc de toutes ces données ? Comment nous assurer que nous les utilisons de manière logique et intuitive ?

Le documentaire, The Human Face of Big Data, (Le visage humain du Big Data), réalisé par Sandy Smolan, explore les façons dont la race humaine exploite ces analyses avancées pour comprendre et utiliser les milliards de jeux de données dont nous disposons actuellement à propos de nos corps, nos tendances et nos attitudes.

Aujourd’hui, nous possédons une quantité massive d’informations concernant le génome humain car nous avons la capacité de disséquer les 6 milliards de paires de bases d’ADN pour un prix relativement faible.

Nous pouvons connaître les chances qu’une personne développe presque n’importe quel type de maladie en nous basant sur ses particularités ou mutations génétiques.  Les médecins et les chercheurs optimisent les diagnostics et les traitements de maladies mortelles comme le cancer et les maladies cardiaques.

Les analyses du Big Data rendent la vie plus facile

Vingt pour cent des bébés nés prématurément contractent des infections graves lorsqu’ils sont à l’hôpital. Jusqu’à récemment, les données pouvant potentiellement leur sauver la vie étaient considérablement méprisées ou ignorées. Les électrocardiogrammes collectent par jour des millions de mesures de battements de cœur par enfant en soins intensifs.  Les infirmières, elles, écrivent un nombre sur un graphique papier toutes les heures pour représenter le battement du cœur d’un enfant.* En collectant et en analysant toutes les données de battements de cœur sur une plateforme informatique, il a été découvert que le rythme des battements de cœur d’une personne en bonne santé n’était pas parfaitement régulier.  Cependant, au début d’une infection, les battements devenaient uniformes. En utilisant la technologie pour analyser les millions de mesures de battements de cœur des soins intensifs tous les jours, les médecins ont pu détecter chez le nourrisson une infection au moins un jour avant l’apparition des symptômes de celle-ci, ayant ainsi une avance de 24 heures pour traiter et combattre la bactérie.

Des organisations à but non lucratif et les municipalités tirent également profit des analyses du Big Data. Aujourd’hui, les organisations peuvent identifier les sections des communautés qui envoient un grand nombre de criminels en prison.  En identifiant ces communautés affectées, les municipalités peuvent se concentrer sur le financement de l’amélioration de ces quartiers au lieu de financier le système pénitencier. De plus, le Ministère de la sécurité intérieure des États-Unis se sert de la révolution du Big Data pour protéger ses citoyens. En effet, le transport par conteneurs représente 90 pour cent de tout le commerce international, et malheureusement, constitue une grave menace pour la sécurité nationale.  Grâce à la technologie des capteurs et à l’Internet des Objets, le Ministère de la sécurité intérieure des États-Unis peut équiper chaque conteneur d’un capteur pour que les autorités soient prévenues si l’expédition d’un conteneur fait un détour imprévu ou si les dispositifs de verrouillage sont détruits.

La prévention des catastrophes naturelles est également touchée par la révolution du Big Data. Les chasseurs d’orages modernes peuvent maintenant collecter des données sur l’orage et les partager avant que celui-ci ne commence.

  • La Municipalité de Buenos Aires a optimisé son système d’évacuation de l’eau avec l’utilisation de capteurs et de l’Internet des Objets pour s’assurer que les inondations massives n’engendrent plus jamais les nombreux dommages que la ville a subis en 2013.
  • Au Japon, un système de prévention précoce des tremblements de terre peut détecter la magnitude du séisme et diffuser des avertissements en seulement 8,6 petites secondes.

Le Big Data est révolutionnaire, il a en effet fondamentalement modifié la relation de l’humanité avec l’information.

En revanche, comme tout ce qui existe, il a un bon côté et un mauvais côté.  Aussi, alors que le monde est positivement touché par la révolution du Big Data, il peut également être négativement affecté lorsque le pouvoir des données est entre de mauvaises mains. Par exemple, Twitter peut être utilisé comme outil de recrutement pour conditionner des esprits vulnérables et les réseaux sociaux peuvent facilement amplifier les mouvements de masse à une échelle sans précédent. Trois cents personnes ont été blessées et 172 tuées pendant l’attaque terroriste de Mumbai en 2008. Ces attaques étaient très sophistiquées d’un point de vue technologique. L’organisation terroriste a établi un centre de données intelligentes open source non loin de la frontière pakistanaise. Depuis ce centre, les commandants terroristes ont contrôlé toutes les stations d’informations, Internet et les réseaux sociaux pour déterminer le progrès de leurs attaques et combien de personnes ils avaient réussi à tuer. Les terroristes ont fait preuve d’une connaissance hors pair de la situation et d’un avantage tactique sur la police et le gouvernement.  Ils ont même utilisé les moteurs de recherche en pleine attaque pour vérifier les identités de leurs otages et décider qui devait vivre et qui devait mourir.* Les criminels, les terroristes et les pirates connaissent le pouvoir de notre “interconnectivité” : si vous contrôlez le code, vous contrôlez le monde.

Une question fondamentale que le documentaire pose est à qui appartient notre Big Data ? Les fournisseurs de nos téléphones portables ? Le gouvernement ? Nos médecins ? Nous ? Devrions-nous payer pour avoir accès à nos propres données ? Et combien d’entre nous seraient prêts à payer ? Si notre ADN était séquencée et que notre assurance santé couvrait le processus, les données appartiendraient-elles à l’assureur ? Et si la séquence ADN exposait l’existence d’une mutation génétique pour une maladie incurable, l’assureur aurait-il le droit de refuser de nous couvrir ou de nous faire payer une prime supplémentaire ?

Autre chose : les patients voudraient-ils vraiment obtenir la séquence de leur ADN si cela pouvait exposer l’existence d’une maladie incurable qui les mettrait en danger ? Le bonheur n’est-il pas dans l’ignorance ?

L’historique de nos recherches Google appartient-il à Google ? Nos photos appartiennent-elles à Facebook ? Nos réflexions et nos tweets appartiennent-ils à Twitter ?

Pourrions-nous vivre avec l’idée que le gouvernement sache où nous sommes à chaque instant ?

Sources :

*Erwitt, Jennifer et Rick Smolan. The Human Face of Big Data. Against All Odds Productions, 2012. Imprimé.
The Human Face of Big Data. Dir. Sandy Smolan. 2014. Film.

Cet article est initialement paru sur SAP Business Trends.

Auteur : Christine Donato